De la part du Diable de Aina Basso

samedi, février 25, 2017 0 Comments A + a -

Dans le comté du Finnmark entre 1620 et 1621 a eu lieu la première vague de procès pour sorcellerie en Norvège et dans toute l’Europe. 
Ce roman historique met en scène deux jeunes filles aux destins bien différents dans un récit alterné. Dorothe est issue d’une famille aisée de Copenhague, et vient d’avoir seize ans. Elle est promise à un homme bien plus âgé qu’elle, et redoute ce mariage. Son époux est nommé dans le nord de la Norvège pour instruire les procès en sorcellerie. 

Après une longue et éprouvante traversée, Dorothe arrive dans une toute petite ville où personne ne parle sa langue, et son mari très pris la délaisse. Elen a le même âge, fille d’une guérisseuse qui a choisi de vivre sans homme et enchaîne les aventures et les enfants. Celle-ci, à la fois crainte et respectée pour ses dons, est la victime désignée des procès qui se succèdent. Elle a transmis à sa fille une partie de son savoir. Elen sauvera Dorothe, ce qui ne la sauvera pas elle.


 Mon avis

 


Alors que je flânais au rayon jeunesse d’une librairie connue en place de Lille, accompagné de ma moitié, je suis tombée sur la première de couverture de ce roman. Ajoutez à ça un titre accrocheur et l’histoire de deux jeunes filles dans la Renaissance des pays nordiques, vous obtenez un achat compulsif, de ceux que vous savez qu’ils ne sont pas nécessaires, mais auxquels vous vous agrippez jusqu’à votre passage en caisse.

C’est le premier roman traduit en France pour Aina Basso, et c’est un petit bijou. Les éditions Thierry Magnier ont le chic pour publier des petites perles littéraires dont on ne ressort jamais complétement indemne et c’est le cas pour moi avec De la part du Diable. On y suit deux jeunes filles, Dorothe et Elen – 16 ans – qui mènent des vies à l’opposée l’une de l’autre. Dorothe est promise à un homme plus vieux qu’elle, à la suite de son mariage, elle est amenée à le suivre dans son lointain pays où il est appelé pour instruire des procès de Sorcellerie. Elen est une fille de guérisseuse, sa mère est une femme redoutée du village puisque libre dans sa vie et ses choix, considérée comme une sauvage, sa mère a connu un grand nombre d’hommes, d’une de ces unions est né son petit frère. La vie de la jeune fille bascule le jour où l’Inquisition débarque dans la ville pour éradiquer la sorcellerie du pays, sa mère est dénoncée et elle doit partir pour le Finnmark. Le destin des deux jeunes filles vont finir par se croiser.


Des descriptions des étendues enneigées de la Norvège, aux deux voix qu’ont Elen et Dorothe, tout dans ce roman porte le lecteur à adorer ce livre. C’est un roman historique à mettre dans les mains des jeunes lecteurs dès 12 ans, et l’adulte ne boude pas son plaisir en s’y plongeant. Relatant les faits d’un vrai épisode historique de la Finlande, l’auteure nous emmène dans la dureté d’une époque difficile pour le pays. Plusieurs centaines d’hommes et femmes sont passés sur le bûcher sur simple dénonciation d’autrui et les actes de tortures décrites dans le roman ont réussi à me glacer le sang.

Ma préférence va au personnage d’Elen, sauvage tout comme sa mère, qui ne recule devant rien pour réussir à sauver celle-ci. Malgré la méchanceté des autres vis-à-vis d’elle, elle reste une personne profondément humaine, au point de vouloir sauver Dorothe. Elle a un caractère à part et fait penser à un loup solitaire, ses pensées sont souvent sombres et elle connait assez la vie pour savoir que personne ne fait de cadeau à personne. Elle est déterminée, forte. Je l’ai adoré dès les premières lignes. Dorothe est son exacte opposé : soumise à la décision de son père puis contrainte de partir avec son mari, elle apprendra rapidement à aimer celui-ci et à lui demeurer fidèle, de ne pas bouger de la place qu’elle doit tenir, du rang qu’elle doit garder. C’est un personnage plus en recul sur vie, sa situation de nouvelle femme au foyer lui donne l’occasion de réfléchir à sa vie, sa grossesse va déclencher en elle une nouvelle facette de sa personnalité, et j’ai commencé à vraiment m’attacher à Dorothe à ce moment là. Elle devient tout de suite moins fragile et c’est appréciable. Finalement, ce récit se centre réellement sur les deux protagonistes, car quelques jours après ma lecture, j’ai très peu de souvenirs des personnages secondaires, si ce n’est de la mère d’Elen et du mari de Dorothe. Mais le récit vit très bien avec ces deux uniques voix, et l’auteure réussit à créer comme une bulle qui nous coupe du reste de l’histoire pour ne nous focaliser que sur les jeunes filles. Une technique qui fonctionne avec brio.

En bref, un roman à l’atmosphère magique mais assez sombre sur une période difficile dans l’histoire de la Norvège où deux jeunes filles vont devoir apprendre à grandir, et vite. La plume de l’auteure vous emmènera dans son univers dès les premières lignes. J’ai hâte de lire une prochaine traduction de ses écrits.


                                                   Titre : De la part du Diable
                                      Auteur : Aina Basso
                                 Editeur : Thierry Magnier
                                   Année :  2015 (Octobre)

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