Entretien avec Bérangère Tosello

lundi, septembre 09, 2013 0 Comments A + a -



Vous le savez maintenant j'ai eu la chance de découvrir Aquatilia, le roman de Bérangère Tosello et en plus de cela, Bérangère m'a laissé lui poser quelques questions afin qu'on puisse mieux la connaître. Un entretien bien sympathique, en toute amitié.



Alors, comment t'est venue cette envie d'écrire ? 

Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé imaginer des petites histoires. Elles étaient essentiellement axées sur l’aventure. Au départ je faisais ça par une succession de petits dessins mettant en scène un ou plusieurs personnages qui vivaient des péripéties dans des temples ou des forêts, dignes d’Indiana Jones. J’ai toujours été fascinée par des mondes imaginaires, mystérieux, mais très vite, il s’est avéré que ce que je préférais plus que tout, c’était l’océan. Je me suis donc immédiatement sentie très proche des sirènes. En incarnant ces créatures, j’étais libre de visiter les océans, de les parcourir au-delà de toute imagination, de découvrir des cités sous-marines, et de multiples univers, toujours sous l’eau, toujours avec les sirènes. Très vite cet univers aquatique est devenu une véritable obsession, quelque chose qui m’animait quotidiennement. J’avais des visions de cités sous-marines, je ressentais ce monde que j’apprenais à connaître à force de le visualiser. Il fallait que je mette par écrit ce que j’avais en tête, et les premières versions d’Aquatilia ont pris naissance de cette manière. J’étais très jeune et j’ai remanié plusieurs fois l’histoire d’Aquatilia jusqu’en 2012 où j’ai véritablement imaginé toute ma saga, mes personnages, mes cités, mes mondes… Le premier tome est loin de vous avoir tout révélé.   


On voit bien dans ton livre que tu es fascinée par les sirènes, t'es-tu inspirée de la sirène du mythe ou alors as-tu créé tes propres sirènes ?

Je dirais que l’univers d’Aquatilia a principalement été issu de mon imagination. J’ai repris peu de mythes déjà existants puisque j’avais déjà une vision très précise de mes propres créatures et de ce qui devrait leur arriver tout au long de la saga. Cependant, il est vrai que je me suis inspirée d’une multitude de choses qui m’ont entourée pour créer mon propre monde, notamment à travers des illustrations (de David Delamare principalement) de sirènes visitant l’Atlantide, ou découvrant des coffres au trésor, seules sur une île ou en compagnie de pirates. J’ai finalement puisé mon inspiration dans ce qui m’a plu. D’ailleurs les sirènes vivant dans Aquatilia sont bien différents d’autres sirènes vivant dans d’autres cités que nous rencontrerons dans les livres à venir. Les coutumes seront si différentes d’une civilisation à l’autre que je ne peux ranger mes sirènes dans une seule catégorie. Ce premier tome comporte cependant quelques similitudes avec le conte de la petite sirène de Hans Christian Andersen mais j’avoue que cette comparaison s’achève rapidement notamment lors des autres tomes qui prendront une tout autre direction. De plus, j’ai également réutilisé, dans l’un des tomes, le mythe d’Ulysse et le chant des sirènes, une légende que je trouve magnifique, pour des raisons très spécifiques à l’histoire et j’ai hâte d’en être à écrire ce passage.






Tu fais beaucoup d'allusions aux mondes antiques, la Grèce d'où vient Constantin ou encore les sirènes qui se changent en pierre à leur mort font beaucoup penser à la Gorgone. L'Antiquité est donc une époque qui te fascine


L’Antiquité fait partie d’une des périodes que j’admire le plus dans toute l’histoire de l’humanité. J’aime également d’autres périodes comme l’époque industrielle londonienne du 19ème siècle ou encore le 17ème siècle et ses fameux pirates que je reprends avec plaisir dans mes histoires et qui est aussi l’époque dans laquelle se déroule la saga d’Aquatilia. Mais quand je pense à l’Antiquité, mon esprit s’évade… j’imagine ses magnifiques monuments, ses coutumes, sa mythologie. D’ailleurs, en offrant aux sirènes le pouvoir de contrôler les éléments sous l’effet de la colère (ou plus exactement en ressentant des émotions différentes de celles qu’ils ont l’habitude de connaître), j’y ai aussi vu une référence au dieu Poséidon. Je trouve que les Grecs en cette période étaient empreints de sagesse, de savoir, de classe. A travers la cité d’Aquatilia j’ai voulu retranscrire l’ambiance que l’on pouvait ressentir dans ces lieux de culte, où les savants perfectionnaient leur instruction, en toute quiétude. D’ailleurs, Xenoria, l’ancienne cité d’Artemus, a été fondée lors de cette période de l’Antiquité. Voilà pourquoi lorsqu’Artemus a fondé Aquatilia, il l’a bâtie sur des vestiges antiques qu’il connaissait. Seulement, le temps a passé au sein d’Aquatilia et même si l’époque se situe désormais au 17ème siècle, Aquatilia a conservé les traces d’une ancienne civilisation antique. 



Si tu devais incarner un de tes personnages, lequel choisirais-tu et pourquoi ?


Je choisirais Thelma et bien que je ne partage pas forcément son point de vue sur tout ce qu’elle a entrepris dans ce premier tome, je me suis sentie proche d’elle au cours de l’écriture. En incarnant Thelma, et si j’avais la possibilité de conserver une part de moi (Berry), je profiterais de ma condition de sirènes (et du fait qu’elle soit plus libre que les autres) pour partir à la découverte des océans dans un premier temps et pour visiter son île de fond en comble. J’ignore si je pourrais à mon tour me soumettre à la discipline de la cité d’Aquatilia mais je n’agirais sûrement pas exactement comme elle l’a fait, je privilégierais certainement le dialogue avec Artemus sur les raisons qui l’ont poussé à créer une cité si renfermée, je chercherais à connaître les autres sirènes mais par-dessus tout j’apprendrais à connaître Dant. Je serais beaucoup moins distante et je chercherais à lui faire avoir plus confiance en lui et j’en tomberais sûrement amoureuse, mais là je m’égare ! A long terme, je crois que je chercherais à fonder une autre magnifique cité. 





Thelma, Dant, Artemus, Athios ou encore Brise j'adore ces prénoms d'où t-en es venu l'idée


Je suis très fière de ces prénoms, tout d’abord parce qu’ils correspondent parfaitement aux personnages mais aussi parce qu’ils sont beaux et assez originaux (certains évoquent d’ailleurs l’Antiquité). Trouver le prénom parfait pour un personnage est un travail assez difficile puisqu’il faut que ce prénom soit en adéquation parfaite avec sa personnalité, son physique. J’ai inventé le prénom pour Thelma à l’époque où j’en étais à mes premières versions d’Aquatilia. J’avais alors fait débuter Aquatilia par la fin de la saga et la sirène Thelma n’était que mentionnée, il y avait des légendes qui relataient ce qu’elle avait fait. Je croyais l’avoir purement inventé mais j’ai découvert par la suite que ce prénom existait déjà (quelle déception !). J’ai eu plus de difficulté pour Dant, je voulais le prénom parfait qui collerait à ce personnage anxieux et touchant. Lors d’un premier essai il s’appelait « Nil » mais je n’étais pas satisfaite, je ne ressentais pas le petit plus qui me poussait à continuer sur cette voie. Puis est apparu le mot « Dant » lors d’un voyage en train. C’était parfait, et j’ai su à partir de ce jour que l’écriture d’Aquatilia pourrait réellement commencer. Artemus est un prénom que j’adore. Je le connais grâce au personnage d’Artemus Gordon que je vénère, du film Wild Wild West. Pour moi ce prénom incarne parfaitement le patriarche respectable. Athios est apparu naturellement, un mélange de classe et de virilité, à l’image du personnage. Quant à Brise, étant donné la nature de la jeune fille, j’ai trouvé que ce prénom avait une connotation un peu péjorative, agressive comme quelque chose de « tranchant ». Pas étonnant au vu du manque de tact dont elle fait preuve au cours de l’histoire. 



Une dernière afin de finir en beauté cette petite interview. Si tu devais recommander ton livre à des lecteurs qui veulent découvrir le monde de Thelma, quels mots utiliserais-tu ?




Je dirais qu’au cours de l’écriture, j’ai passé des moments incroyables. J’étais submergée par l’histoire, le contexte, les personnages. La cité était là, elle était comme ma demeure, j’aimais y vivre, j’aimais la découvrir… Je me suis attachée à mes personnages, mon esprit était davantage sous l’eau que sur la terre. Cette expérience fut absolument fascinante, troublante. Je vivais deux vies et à mesure que je progressais dans l’histoire, je réalisais que ces instants fabuleux que j’étais en train de connaître ne perdureraient pas. C’est une sensation cruelle, un véritable cercle vicieux. On a envie de poursuivre l’écriture, de mettre par écrit la suite, de continuer à avancer dans l’histoire, tout en sachant que chaque ligne, chaque mot nous rapproche de la fin. Malgré toutes les difficultés que l’écriture d’un livre peut engendrer, lorsque ce roman nous anime, c’est une sensation qui restera gravée. Désormais ce livre est terminé, et ne pouvant pour ma part malheureusement pas réitérer l’écriture de ce premier tome, je sais qu’il existe un autre moyen de le faire vivre : grâce à vous, mes chers lecteurs, qui avez la chance de le découvrir entièrement, et ce d’une certaine manière comme j’ai eu la chance de le faire, en l’écrivant.

Retrouvez l'avis d'Aquatilia en cliquant sur le lien

Fourni par Blogger.